Le Comité sénatorial des droits de la personne dénonce l'islamophobie systémique à l'ARC
7 décembre 2022 | Le temps de la colline
L'année dernière, les leaders du secteur caritatif musulman s'est exprimé contre les préjugés systémiques auxquels sont confrontés les organismes de bienfaisance dirigés par des musulmans et la nécessité pour le gouvernement de prendre ce problème au sérieux et de le traiter équitablement. L'impulsion pour cela a été la publication de deux rapports indépendants qui ont révélé les biais systémiques intégrés dans les audits de l'ARC des organismes de bienfaisance dirigés par des musulmans.
le premier rapport par l'UofT Institute of Islamic Studies a examiné le contexte des audits et a découvert qu'il y avait une base pour les allégations de partialité. Selon l'étude, les organisations caritatives dirigées par des musulmans sont particulièrement vulnérables aux révocations et aux sanctions. Il a également constaté que les musulmans n'étaient pas traités équitablement puisque ces audits avaient eu lieu dans l'ombre des régimes canadiens de lutte contre le financement du terrorisme et la radicalisation.
le deuxième rapport par l'International Civil Liberties Monitoring Group et a utilisé une approche structurelle pour son évaluation, révélant une agence secrète connue sous le nom de Review and Analysis Division (RAD), qui est chargée d'auditer les organisations caritatives pour lutter contre le financement du terrorisme. Selon l'étude, la RAD a audité les organisations caritatives dirigées par des musulmans de manière disproportionnée, et 75% des organisations caritatives qu'elle a révoquées étaient associées à la communauté musulmane. D'après les données mises à jour par l'ARC, il est peut-être aussi élevé que 85%.
Les deux rapports ont confirmé ce que la communauté musulmane suppose depuis des années : qu'il existe des biais systémiques dans la manière dont les audits sont sélectionnés, menés et décidés. Ils ont vérifié que la cause profonde était le cadre d'évaluation nationale des risques (ENR) du gouvernement Harper de 2015, qui a conclu que les groupes de type musulman et les communautés racialisées présentaient le plus grand risque de financement du terrorisme. Cela a conduit à une surveillance, des audits et des révocations préjudiciables des organisations caritatives dirigées par des musulmans.
Ces constatations ont alarmé la communauté musulmane canadienne qui a exigé l'arrêt de ces vérifications, la suspension de la SAR et la tenue d'une enquête par la Agence de surveillance de la sécurité nationale et du renseignement (NSIRA), qui a compétence sur les questions de sécurité nationale.
Le Premier ministre a reconnu l'existence d'une islamophobie systémique au CRA. Mais il a choisi de renvoyer l'examen au Bureau de l'ombudsman des contribuables, qui a été accueilli avec scepticisme car il n'a pas l'autorité pour s'acquitter efficacement de cette tâche.
Le Médiateur, M. François Boileau, a confirmé dans un récent témoignage devant le Comité sénatorial des droits de la personne, présidé par la sénatrice Salma Ataullahjan, que l'ARC faisait obstruction à son enquête pour des raisons de sécurité nationale et son incompétence. Il a admis lors de l'audience que son rapport comportera de grandes lacunes en raison du manque d'accès aux informations essentielles. Par conséquent, le sénateur Omidvar a recommandé que l'examen soit confié à l'OSSNR, ce qu'il a appuyé.
Plus alarmant encore, la directrice générale de la Direction des organismes de bienfaisance de l'ARC, Sharmila Khare, a fait le rare aveu public lors de son témoignage devant le même comité sénatorial. Elle a avoué que le cadre utilisé pour ces vérifications n'a pas été établi ni créé à l'ARC. Elle a en outre affirmé que « nous [ARC] faisons partie d'une approche pangouvernementale en matière de sécurité nationale ». Plus choquant, elle a tenté de défendre le cadre très imparfait et problématique de la NRA de 2015 en confirmant que les communautés racialisées sont la principale source de menaces, affirmant ainsi les préjugés systémiques au sein du gouvernement.
Abdul Nakua est membre de la direction de l'Association musulmane du Canada et membre du conseil d'administration de l'Ontario Nonprofit Network.