L'islamophobie au vu et au su de tous : pourquoi l'examen du médiateur a raté le coche
Mississauga | 30 mars 2023
Le 27 mars 2023, l'ombudsman des contribuables, M. François Boileau, a rendu son rapport final, La charité commence par l'équité : plus à explorer, décrivant ses conclusions et ses recommandations après une étude d'un an sur les allégations de partialité et d'islamophobie contre l'ARC.
Le secteur caritatif musulman est déçu mais pas surpris par le résultat du rapport d'aujourd'hui de l'ombudsman des contribuables. Il était bien connu dès le départ que le Médiateur n'avait pas le pouvoir de procéder à cet examen.
Malgré cela, le premier ministre a mandaté cet examen, qui n'a pas fait grand-chose pour résoudre les problèmes sous-jacents qui ont conduit aux allégations en premier lieu. Nous sommes particulièrement inquiets que l'examen ait été défectueux dès le début :
- Le champ d'application a été défini entre 2017 et 2021, mais de nombreux organismes de bienfaisance musulmans ont été audités et révoqués entre 2010 et 2016.
- L'ombudsman n'a pas vraiment élargi son examen pour déterminer l'existence d'islamophobie dans les audits de l'ARC. Il n'a pas exploité les informations disponibles dans le dossier public, telles que les lettres d'équité administrative qui sont entachées de recours à des sources islamophobes et à un cadrage problématique. Le Médiateur n'a pas recueilli d'informations pertinentes sur les organisations caritatives musulmanes touchées par les audits de la RAD. Le rapport n'a pas identifié, à tout le moins, les organismes de bienfaisance dont le statut a été retiré ou suspendu par la RAD.
L'examen du médiateur était aveugle à l'islamophobie à la vue de tous. Récent résultats de recherche publiés dans le Philanthropist des organismes de bienfaisance musulmans révoqués ont démontré que les allégations de financement du terrorisme de l'ARC contre ces organismes de bienfaisance reposent souvent sur des opinions biaisées d'experts du terrorisme, des politiques de groupes de réflexion de droite et des faits déformés provenant de sources médiatiques islamophobes. Cela a conduit à un ciblage systémique des organisations caritatives musulmanes et à une série de révocations discriminatoires.
Malheureusement, le rapport de la Médiatrice n'est pas satisfaisant et ne donne aucun aperçu des raisons sous-jacentes de l'islamophobie ni ne propose de solutions. Il révèle que le gouvernement ne prend pas au sérieux les préoccupations de la communauté musulmane, malgré l'engagement du Premier ministre lors du Sommet sur l'islamophobie de 2021.
Nous exhortons le gouvernement du Canada à prendre des mesures efficaces immédiates en suspendant la RAD et en imposant un moratoire sur les audits de tous les organismes de bienfaisance dirigés par des musulmans.
Le secteur caritatif musulman demande au premier ministre de démontrer son engagement à défendre les droits et libertés de tous les Canadiens, quelle que soit leur appartenance religieuse, en veillant à ce que les politiques et pratiques gouvernementales soient justes, équitables et non discriminatoires.
Enfin, nous sommes reconnaissants du leadership du secteur sans but lucratif, qui a demandé au gouvernement fédéral d'agir rapidement et de manière décisive en réponse aux préoccupations identifiées par l'enquête de l'ombudsman des contribuables sur l'islamophobie au sein de l'ARC.
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