L'adoption du projet de loi 21 est un affront au pluralisme canadien et aux valeurs québécoises

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Samer Elniz 9 juillet 2019ANTI-RACISMEMONTRE LIBERTÉS CIVILESLA POLITIQUE AU CANADA

Photo: ibourgeault_tasse/Flickr

Avec l'adoption du projet de loi 21 au Québec le mois dernier, les membres de plusieurs communautés sont sous le choc de la décision profondément décevante du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ) de limiter les libertés de ses citoyens. 

En tant que gestionnaire du Centre communautaire Laurentien de l'Association musulmane du Canada à Montréal, j'ai entendu d'innombrables musulmans de ma communauté qui s'inquiètent maintenant de l'accès à l'emploi, du gagne-pain de leur famille, de l'avenir de leurs enfants et de la façon dont la nouvelle loi établit un précédent juridique discriminatoire qui apportera des jours plus sombres aux Québécois de tous bords. Lorsque la liberté de quelqu'un est limitée, nous perdons tous en tant que société.

Je vis au Québec depuis 18 ans et j'ai obtenu une maîtrise en sciences de l'Université du Québec. Je suis un fier père de quatre enfants québécois. Je suis motivé par mon rôle d'organisateur communautaire à servir ceux qui m'entourent dans cette province qui est notre maison. Aujourd'hui, je suis consterné par l'impact de cette nouvelle loi sur les membres des communautés confessionnelles, en particulier les femmes musulmanes. Par exemple, ceux qui étudient pour terminer leurs études en éducation qui portent le hijab, le turban, la kippa et d'autres symboles religieux complètement inoffensifs ne savent plus si leur investissement dans leur éducation et leurs communautés sera gaspillé.

Les enjeux sociétaux qui en découlent sont nombreux. Les Québécois visiblement religieux qui occupent d'autres postes publics seront limités dans leur capacité à apporter une contribution significative à leur société dans les vocations qu'ils ont choisies. L'augmentation soudaine du nombre d'employés qui quittent le secteur public et déménagent dans le secteur privé ou dans une autre province où ils peuvent poursuivre leur carrière et exprimer librement leur foi se traduira par un écart important. 

Les communautés musulmanes du Québec sont fières de leurs valeurs, de leurs identités et de leurs cultures communes musulmanes et québécoises. Les musulmans ont fièrement contribué à la construction de cette province et de ce pays. Il semble, cependant, que le gouvernement du Québec a l'intention de rompre avec cela en excluant un segment important de la société par des tentatives à peine voilées de réduire l'alphabétisation religieuse dans la société. En tant que Québécois, notre situation est pire lorsqu'il y a moins d'expressions diverses de croyances, de pratiques et d'expériences culturelles dans la société. 

La société laïque - sur laquelle le Canada et le Québec sont bâtis et qui se veut neutre - devrait s'abstenir de militer en essayant d'évacuer la sphère publique de divers marqueurs identitaires. L'ironie que moi, le gestionnaire d'un organisme communautaire dirigé par l'Association musulmane du Canada (MAC) - qui a toujours été à l'avant-garde de la culture d'une compréhension équilibrée de l'islam à travers le pays - je mets maintenant en garde le gouvernement du Québec contre l'extrémisme de son idéologie ne m'est pas perdue.

Cette décision politique a un coût élevé. Ce n'est pas seulement la sécurité de l'emploi qui est menacée ici: la cohésion sociale a été perturbée et la porte à une discrimination manifeste dans la société a été ouverte. Cette loi est maintenant un embarras international pour notre province, où le premier ministre a émis des critiques acerbes, affirmant que le gouvernement ne devrait pas légiférer sur ce que les gens portent. 

Alors, que peuvent faire les Québécois ordinaires et les autres Canadiens face à cet affront? Les communautés religieuses doivent se regrouper - musulmanes, chrétiennes, agnostiques, juives, sikhs et autres - pour appeler à un renversement de cette politique et exiger la fin de la gouvernance discriminatoire. De concert avec nos voisins du Québec, l'AMC s'est jointe à la Coalition Intrusion Québec, qui a défendu nos citoyens au Parlement et lors d'audiences communautaires. Nous avons même formé des chaînes humaines autour des lieux de culte et d'autres actes de solidarité. Que vous lanciez une campagne communautaire d'écriture de lettres, organisiez une grève au mépris de la politique ou une autre forme d'action, assurez-vous que votre solidarité proclame haut et fort: nous ne le défendrons pas. Nous pouvons tirer des leçons de l'élection fédérale de 2015 lorsque les Canadiens ont dit non à des groupes raciaux particuliers, une tactique de campagne que de nombreux élus ont regretté aujourd'hui et pour laquelle ils se sont publiquement excusés auprès de leurs électeurs. Les personnes touchées par le projet de loi 21 ne sont pas seules. Nous lutterons ensemble pour protéger le pluralisme canadien que nous apprécions tous profondément.

Le rôle du gouvernement avec ou sans majorité devrait être de préserver et de protéger la dignité de tous les citoyens tout en encourageant activement la liberté d'expression religieuse des peuples dans la mesure où ils contribuent à la société - non pas en dépit de leur foi, mais à cause d'elle.

Samer Elniz est le gestionnaire de centre du Centre communautaire Laurentien de l'Association musulmane du Canada à Montréal.

Photo: ibourgeault_tasse / Flickr

L'article original peut être trouvé ici.

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